La baie de Quiberon est le berceau des huîtres plates, unique huître native des côtes européennes. Partez à la découverte des derniers ostréiculteurs, passionnés et passionnants, qui cultivent cette huître unique sur notre territoire maritime, à travers l’exposition multimédia « Les gardiens de l’huître plate », réalisée dans le cadre du programme européen DLAL FEAMP Pays d’Auray-Pays de Vannes.

Si l’on doit la culture de l’huître plate en France à la Princesse Eugénie, sous Napoléon III, c’est bien à une poignée d’ostréiculteurs passionnés et garants d’un savoir-faire transmis de génération en génération, que nous devons aujourd’hui la production de cette espèce européenne, emblématique de Bretagne, sur notre territoire.

Accompagnés par Hélène Cochet - biologiste et consultante scientifique pour le CRC de Bretagne Sud, les producteurs locaux sont aux petits soins pour collecter le maximum de naissains (ou jeunes huîtres).
« J’assure depuis bientôt 20 ans le suivi de la reproduction de l’huître plate dans la Baie de Quiberon », nous explique Hélène Cochet. A raison de deux sorties en mer par semaine, de mai à fin août, elle édite des bulletins d’informations, essentiels aux ostréiculteurs pour la réussite de leur captage de naissains. Parmi les données : la température de l’eau, les marqueurs de l’évolution de la maturation des géniteurs, le suivi des larves dans l’eau et le relevé de ses collecteurs.
Grâce à ces informations, les ostréiculteurs adaptent la pose en pleine mer de leurs propres collecteurs de naissains, afin d’optimiser au mieux leurs cultures.

Une espèce fragile, une culture difficile

« On ne parle pas de rendement économique avec la culture de l’huître plate, mais bien de sauvegarde d’une espèce naturelle à protéger » nous précise Hélène Cochet. Car si 95% des naissains d’huîtres plates sont collectés en Baie de Quiberon, le rendement affiché n’est que de 5% environ, bien inférieur à celui généré par l’huître creuse.
Les professionnels de la Baie de Quiberon qui cultivent cette espèce, le font donc par conviction, par passion. Ils ont tous un attachement patrimonial et familial très fort avec cette culture, qui est leur « Madeleine de Proust », comme le dit si joliment Hélène Cochet.
Cette implication, personnelle et familiale, est extrêmement bien retranscrite dans les portraits réalisés à l’occasion de l’exposition « Les gardiens de l’huître plate ». Toutes générations confondues, les ostréiculteurs de notre territoire nous racontent leur quotidien, leurs joies mais également leurs difficultés à préserver la culture de cette huître, unique de par son espèce mais également de par ses caractéristiques gustatives : plus iodée, plus salée, avec une longueur en bouche beaucoup plus marquée que l’huître creuse, du fait de sa culture en pleine mer, sur sol sableux. Une huître 100% bretonne qu’ils sont fiers de proposer à la vente et à la dégustation sur leurs exploitations.

Une adaptabilité constante

Réchauffement des mers, épizooties (maladies parasitaires), prédateurs, envasement des rivières, disparition de son habitat, érosion de la diversité… autant de dangers mettant en péril la survie de l’espèce des huîtres plates. Malgré sa grande adaptabilité au milieu naturel, à travers son déplacement dans son habitat par exemple (aujourd’hui elle n’est viable qu’en pleine mer), l’huître plate est bel et bien une espèce naturelle menacée. Sa production est ainsi passée de 20 000 tonnes dans les années 70 à moins de 2 000 tonnes actuellement.
Le travail mené par Hélène Cochet permet de suivre, année après année, son évolution. Une adaptabilité de l’espèce mais également des ostréiculteurs, qui, à chacune de ses modifications physiologiques, comportementales ou de l’environnement marin, doivent réagir très vite sous peine de perdre leur production.

Agir pour protéger l’espèce et pérenniser le travail des ostréiculteurs

Des actions de restauration et de préservation de l’espèce ont été engagées il y a plusieurs années sur notre territoire et d’autres sont à venir. Leur but : préserver notre patrimoine naturel local ainsi que le savoir-faire des femmes et des hommes qui la cultivent.
L’action principale et décisive est la création de récifs artificiels en milieu naturel. En plus d’être favorables à la biodiversité marine, ils vont permettent à l’huître plate de venir s’agréger sur eux, n’ont pas « une à une », mais en « grappes ». Une façon de se protéger de leur principal prédateur, la dorade royale, qui aura ainsi beaucoup plus de difficultés à les dévorer.
Tous les travaux engagés permettront à moyen terme la reconstitution des bancs d’huîtres plates, véritable patrimoine biologique de la Baie de Quiberon.

Exposition itinérante « Les gardiens de l’huître plate »

Jusqu’à fin décembre 2022, découvrez 15 portraits d’ostréiculteurs, producteurs d’huîtres plates en Baie de Quiberon et Cancale.

Lieux : Saint-Philibert Pios du 15 sept. au 7 oct. / Locmariaquer du 8 oct. au 15 nov. /Arradon et Le Bono en 2022

Podcasts et vidéos, sont à consulter sur http://ecume.pro/wp-content/uploads/2021/12/livret-les-gardiens-de-lhu%C3%AEtre-plate.pdf

Exposition multimédia conçue par Hélène Cochet pour SOBAIE, financée par le DLAL FEAMP, Pays d’Auray-Pays de Vannes et soutenue par les CRC Bretagne Sud et Nord, le Crédit Maritime, Sammarla et la Coopérative Maritime.

Des investissements conséquents pour la restauration de l’espèce

Plusieurs projets de restauration ont été menés ces dernières années, tels que le projet FOREVER, porté par la profession ostréicole (Comités régionaux de conchyliculture de Bretagne Sud et Bretagne Nord), l’Ifremer et financés par des fonds européens (FEAMP).
D’autres projets sont en cours, tels que le programme REEFOREST porté par l’Ifremer et l’Office français de la biodiversité.